Des porcheries vertes

 

Texte de présentation de Jocelyn 'La Kouenne' Beaulieu

à l'ouverture de la consultation publique

du

Bureau des Audiences Publiques sur l'Environnement (BAPE)

sur la production porcine durable

 

Mardi le 22 octobre 2002.

 

Bonsoir,

 

Je vous remercie madame la présidente et messieurs les commissaires de recevoir un ouvrier de la cité-métropole à vos audiences publiques.

 

Je me fais un devoir de m'adresser aux jardiniers syndiqués de la campagne qui nourrissent mes concitoyens, pour partager mon respect de la terre. Comme Mr Choinière, qui m'enseigna l'agrologie à La Pocatière, m'avait qualifié d'amant de la terre, vous conviendrez de ma fidélité, si rare de nos jours, après tant de décennies.

Fier de mes bras, cette fierté ne peut exclure les fiers bras de nos campagnes de nos ancêtres. Ainsi, vous premièrement , hommes et femmes des champs, veuillez accueillir cette fleur-col bleu de ville comme un bouquet, avant de considérer le pot. Pour ne pas le casser, je vais le déposer simplement devant vous pour prendre le temps de se connaître.

 

C'est Jocelyn « La Kouenne » Beaulieu, le cochon vert des cols bleus du 301 de Montréal. Il a la couenne dure et il dure. Ne pouvant trouver en ville aucun pigeon voyageur pour se risquer dans l'air d'H2S des campagnes, vous voudrez bien accueillir un cochon voyageur très bien versé dans la cochonnerie. Ayant découvert les égouts de la ville dans la fonction d'égouttier avant d'obtenir sa permanence de jardinier, il sait très bien que la baton fécal doit être traité avant de se retrouver dans l'eau.

Aujourd'hui ce grand-père en col vert désire établir un dialogue tellement nécessaire entre humains qu'il n'hésitent pas à franchir les pavés lancés dans la marde (pardon, mare) pour traverser l'autre rive et se faire entendre par ses semblables. Oing Oing!, je vous ai compris.

 

Si l'agriculture doit être noble pour celui qui en vit et pour qui s'en nourrit, le modèle québécois aura réussi à ramener tout ce « sang bleu » dans « the capital » et ne laisser aux labeurs quotidiens des champs que des ouvriers sur-endettés. Ayant grandi dans la capitale du Bureau de déménagement de l'est du Québec (BAEQ),j'ai connu une première

«mondialisation » de l'agriculture avec les sous des citoyens, pour concentrer des coops, qui ont quitté les régions depuis avec en prime la forêt et le poisson pour les multinationales. Le pays s'est retrouvé privé de cerveaux, de bras et de la Grosse Caisse, pour pelleter tout seul ce gâchis. Ceci étant l'Histoire la plus récente de développement rural que j'ai connue, vous conviendrez que j'ai perdu toute virginitée devant les discours « agri-colo » des Intellocrates de la terre. Comme dans le passé, le profit inspire le présent et les déficits transpirent du futur.

 

Les cris d'alarme lancés par une génération d'écologistes n'ont inspiré aucun carriériste qui ne voyait dans ces hippies que des « pelleteux de boucane ». Pire, ils utilisaient ces préjugés enfumés pour masquer leur stratégie. N'y voyant que de la fumée, tous suivirent leur signal : Hors de l'Église, point de salut! Leur temple était devenu celui du veau d'or. Ils ne se gênaient pas pour attaquer les « monseigneurs écologistes du Noredaï ou du Nord-roi »: à suivre les corneilles, on demeure dans les « Hippi-Net-Noir »!

 

Pour plus de clarté et de couleurs, le cochon vert vous accompagnera jusqu'à la présentation de son mémoire.

 

Jocelyn 'La Kouenne' Beaulieu

copyright 2002